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07/12/2004

"La prospective pour mettre en perspective" par Jean-Pierre Quentin

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La prospective ne consiste pas à prédire l'avenir, contrairement à ce qu'on croit souvent. Une de ses fonctions est de le préparer, mais pas à l'aide d'une boule de cristal ni en regardant l'avenir dans le rétroviseur. Elle vise à mettre en perspective pour donner du sens, dans une démarche consistant à appréhender :
les multiples composantes d'une question complexe,
les relations entre ces divers éléments,
dans une perspective dynamique qui va d'hier à aujourd'hui, puis demain,
en référence à notre situation propre : nos intentions, nos possibilités d'action, nos choix.

Il y a donc une forte conjonction entre la vision prospective (compréhension de l'environnement actuel et futur) et la vision stratégique (analyse et choix de notre place dans cet environnement, cadrage des conséquences à en tirer).

Si la prévision regarde le passé pour en déduire un avenir en continuité, la prospective construit de nouvelles références, sachant que demain sera différent d'hier et qu'un "autre regard" sur aujourd'hui nous éclaire sur les ruptures, sur ce qui a changé et sur ce qui peut changer. Car le monde n'est pas prédéterminé, mais comporte une pluralité d'avenirs : à nous de choisir.

Une vision prospective relie des éléments trop souvent envisagés séparément, qu'il s'agisse d'horizons de temps, de domaines de connaissance, d'applications pratiques... ou plus fondamentalement encore de paradigmes (références conceptuelles) et de tous repères qu'utilisent l'observation, l'analyse, l'intuition, l'émotion.

Finalement, la prospective travaille avant tout sur des problématiques : des questions auxquelles on pourrait répondre si elles étaient posées autrement. C'est pourquoi on peut la considérer comme "l'art du diagnostic clinique", consistant, comme le disait déjà Gaston Berger, à voir loin, large, profond, autrement, ensemble...

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Notre monde à la fois complexe et mouvant a donc particulièrement besoin de l'approche prospective. D'autant plus besoin que les apports des spécialistes sont devenus hyper-pointus : la mise en perspective de ces apports est à la fois plus difficile et plus nécessaire. Mais, alors qu'on a besoin qu'elle se diffuse largement dans un corps social qui ne peut se satisfaire d'approches mass-médiatiques de la complexité, trop réductrices et déformantes, la prospective doit se garder d'une tendance qui l'éloignerait de ses finalités : à trop cultiver sa dimension technique, en négligeant sa responsabilité pédagogique, elle pourrait à son tour devenir une affaire de spécialiste, donc se couper de l'action, alors qu'elle a vocation à l'éclairer...

Jean-Pierre Quentin est consultant, professeur et auteur. Intervenant dans des situations complexes, dans des contextes de changement, il aide à décloisonner les relations et à imaginer le futur.

Texte rédigé pour le journal TI Voir l'article complet

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