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01/06/2004

"Conscience pour Demain" par Marc van Keymeulen

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L'âge industriel se clôt.
La société de la connaissance et de l'information commence d'émerger.
La rupture sera – est déjà – aussi radicale qu'inéluctable.
"Notre société est en grand danger car elle est arrivée au terme de sa logique."[1]
La réflexion et les pratiques politiques n'échapperont pas à cet immense chambardement.

De nouveaux modes de gouvernance doivent impérativement remplacer et dépasser les vieux slogans, les vieux mythes, les vieilles valeurs, les vieux principes hérités du siècle des "Lumières" (le XVIIIème), du siècle des "Idéologies" (le XIXème) et du siècle des "Barbaries" (le XXème).
La notion même de territoire perd sens et les frontières politiques –ces vieilles cicatrices de l'Histoire – disparaissent déjà sous l'épaisse couche des réseaux mondiaux globalisés.

Il n'est plus moyen de rester aveugle et de faire semblant.
Les grands mythes de la politique de naguère s'effondrent un à un.
Le démocratie n'est plus que démagogie.
La justice n'est plus que juridisme.
La solidarité n'est plus que ponction fiscale.
La politique n'est plus que clientélisme.
Le civisme n'est plus qu'ennui.
La citoyenneté n'est plus qu'assistanat.
La société civile n'est plus qu'agglomérat anonyme d'égoïsmes indifférents.

L'heure n'est ni à la nostalgie, ni à l'utopie.
Il ne s'agit pas de pleurer un "bon vieux temps" qui n'a jamais existé que dans l'imaginaire des décalés.
Il ne s'agit pas d'appeler à "la révolution" qui n'a jamais nourri que les rêveries romantiques de tyrans frustrés.
L'heure est à la réflexion de fond.
L'heure est à l'imagination : il faut inventer de nouvelles gouvernances.
Ni de gauche, ni de droite, mais en avant !

"Conscience pour Demain" s'inscrit dans cette ligne : repenser le politique de fond en comble, en toute liberté, sans jamais accepter quelque compromission, quelque récupération, quelque pression que ce soit.
Esprits libres pour une vie libre dans une société libre : voilà ce que sommes, voilà ce que nous prétendons demeurer.

Repenser le pouvoir – les pouvoirs – et repenser ses finalités et ses limites.
Repenser les modalités de son partage, de son exercice et de son contrôle.
Revisiter tous les jacobinismes, tous les monolithismes, tous les centralismes, toutes les hiérarchies, toutes les institutionnalisations …
Assumer pleinement la complexification radicale du monde et refuser tout réductionnisme, tout simplisme …
Assumer donc toutes les multiplicités, toutes les diversités, toutes les mixités …
Assumer l'implosion et la disparition progressive des pouvoirs et des institutions étatiques …
Assumer les multiples nouvelles donnes à la fois locale et globale, à la fois tribale et transnationale …
Repenser, en somme, le "vivre ensemble" dans un monde où les valeurs d'hier ne peuvent plus avoir cours tant elles sont usées et obsolètes.
Un monde de communautés plastiques, imbriquées et impermanentes.
Un monde d'échanges à la vitesse de la lumière.
Un monde de solidarités mouvantes, efficaces, libérées et réinventées.
Un monde débarrassé des matérialismes avilissants où l'esprit souffle à nouveau.
Un monde où l'orgueil humain n'a plus sa place face à la nature mutilée et à la culture avilie.
Un monde qui pourra accueillir nos descendants avec le sourire, dans la paix et la sérénité.
Bref : un monde en bonne santé … sur tous les plans.

Car aujourd'hui, le monde est malade !
Et les apprentis guérisseurs ou maîtres charlatans sont innombrables.
Chacun y va de sa potion magique, de son philtre miracle : les noms changent mais les recettes demeurent.
Lorsque les démocrates deviennent démagogues, fatalement, les gauchistes deviennent écologistes, les communistes deviennent alter-mondialistes, les fascistes deviennent populistes, les marxistes deviennent marxiens, les national-socialistes deviennent nationalistes, etc … : mais tous resservent leurs mêmes soupes infectes et empoisonnées, ces vieux brouets pourris qui remplissaient les gamelles au Goulag et à Auschwitz.

Oui, le monde humain est malade.
Malade de ses progrès. Malade de ses erreurs. Malade de ses immaturités. Malade de ses rêves et de ses utopies. Malade de ses simplismes et de ses nostalgies.
Malade de son ignorance et de son orgueil, surtout.
Humain, trop humain ?
Très inhumain, surtout !

Il ne s'agit pas tant de susciter des militances que de mobiliser des intelligences.
Il s'agit donc de créer un espace libre où le politique de demain pourra éclore, se nourrir et se forger à l'enclume des intelligences et au marteau des mots.
Rien n'est écrit ; tout reste à inventer, à créer, à penser, à rêver.
La société de demain sera celle qui nous allons construire, sinon elle sera celle que nous aurons méritée !

[1] Xavier Emmanuelli (Cofondateur de « Médecins sans frontières » et fondateur du SAMU social de France)

Marc van Keymeulen est consultant et fondateur de l'Institut Noétique - ©Marc van Keymeulen - ©Institut Noétique

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