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26/01/2006

La révolution démographique et l’automobile

 

 

 

 

 

Suite de cette note

Que sera l’automobile de demain en France ? Bien malin qui pourra le dire mais nombreux sont les signes qui ne trompent pas. Au travers d’une série de réflexions, Philippe Cahen, créateur-conseil en prospective, nous propose d’enrichir les scénarios prospectifs que chacun peut construire selon ses besoins. Ce mois-ci, la démographie.


 

 

La révolution démographique française

En 50 ans, la France a fait le bond de 40 à 60 millions d’habitants[1].

Une France plus âgée, avec plus de ménages et de personnes seules. Avec le second taux de fécondité d’Europe après l’Irlande (1.86) contre 1.4 pour l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, et un taux de mortalité en baisse grâce à un taux d’espérance de vie de 76.7 ans pour les hommes et 83.8 ans pour les femmes, la France est l’un des très rares pays d’Europe en croissance naturelle de population. La conséquence du vieillissement de la population et de la séparation des couples est l’augmentation plus rapide que celle de la population, celle du nombre des ménages[2] soit 15.8 millions en 1968, 26.2 millions en 2004 (+ 66%). Dans le même temps, le ménage moyen est passé de 3.06 à 2.3 personnes (car il y a moins d’enfants) et le nombre de personnes vivant seules de 3.2 millions à 8.4 millions (+162%), c’est le chiffre le plus impressionnant.

Mais attention. Les chiffres comme les mots cachent la réalité. Les personnes seules sont qualifiées par les médias de ‘célibataires’, or 55% ont plus de 50 ans, vivant différemment de l’image convenue du célibataire. Et une personne vivant fiscalement seule n’est pas nécessairement seule … tous les jours. Les ‘ménages’ ne sont pas aussi précis que le dit l’Insee. Les couples séparés se recomposent à l’essai ou définitivement, avec ou sans les enfants, tous les jours ou à temps partagé. Les grands-parents hébergent de plus en plus souvent les enfants en vacances. Attention aussi à l’usage du mot ‘senior’ dont on fait débuter la catégorie à 50 ans pour parler de son dynamisme (économique) et à 65 ans pour parler de ses handicaps (moteurs).

 

Démographie et automobile : scénarios prospectifs.

La France et l’Europe sont à un tournant démographique non maîtrisé. Sous l’angle démographique, voici 5 facteurs de réflexions pour une projection sur 10/20 ans de l’automobile :

  • Age et grand-âge : une population en fort développement (notamment hors de France), étant en bonne santé plus longtemps, mais avec un corps moins souple et des réflexes plus lents, exigeante d’évidences. C’est le retour de la panthère grise ! L’âge de la retraite devant reculer ou disparaître, l’approche de la voiture des plus de 60 ans s’en trouvera modifiée. A noter que 58% des plus de 60 ans sont des femmes.
  • Terre de retraite. Encore peu significatif aujourd’hui, le nombre d’Européens du nord prenant leur retraite en France va croissant (100 000 britanniques en 2004). Avec le trajet en avion, la voiture sur place est indispensable.
  • La génération joystick. Née à partir des années 1975/80, cette génération grandie avec un Game Boy et un téléphone portable dans les doigts sera à l’inverse de ses grands-parents friande de nouvelles technologies. C’est une génération plus tolérante aux essais et aux échecs !
  • Enfant roi ? Non empereur ! Sauf avec une éventuelle baisse du chômage qui relancerait momentanément la natalité (voir 1999/2000), c’est sur la décennie à venir une baisse de la natalité qu’il faut prévoir donnant encore plus d’importance à l’enfant.
  • Contexte européen. Avec un taux de fertilité moyen de 1.48 n’assurant pas le renouvellement des générations (taux nécessaire de 2.1), l’Europe vieillit et doit donc avoir une politique d’immigration (maximum de 20 millions de personnes d’ici 2030) pour assurer au moins son maintien économique. Cette immigration sans doute jeune aura sa natalité. Cas extrême : imaginons l’Espagne, le Portugal et l’Italie en décroissance de population favorisant par incitation financière le retour des émigrés ?

Bien sûr, ces 5 facteurs sont peut-être 5 erreurs … Mais la réflexion prospective a ceci de particulier qu’elle n’a d’intérêt que si l’on accepte deux règles :

. ne pas prolonger le présent

. accepter le risque.

 

Philippe Cahen

Créateur-conseil en prospective



[1] Nous avons vu dans Pleins Phares de septembre 2005 comment cette croissance a contribué à révolutionner l’urbanisme.

 

[2] Selon l’Insee, un ménage, au sens statistique, est défini comme l'ensemble des occupants d'une résidence principale, qu'ils aient ou non des liens de parenté. Un ménage peut ne comprendre qu'une seule personne.

21:50 Publié dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Prospective

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