Blog d'e-Mergences

Une lame de fond emporte les professionnels de l'hôtellerie. «Après l'ère rurale et l'ère industrielle, nous sommes rentrés dans l'ère de l'électronique et l'informatique», s'enflamme Michel Gicquel, directeur en charge de l'innovation et du design chez Accor. «Cela va révolutionner l'habitat et plus particulièrement les hôtels», ajoute-t-il. Pour répondre aux besoins de cette nouvelle génération «internauphile» tous les grands groupes comme le Club Med ou TUI planchent pour réinventer leur offre. «Nous voulons introduire un maximum de techniques et de domotique», souligne Benoît Fazan, architecte d'intérieur du Club Med.

Le changement sera visible dès le hall d'entrée. Fini le comptoir, les hôtes et hôtesses d'accueil sont là pour guider le nouvel arrivant. Le desk occupe une place minimale, remplacé par des bornes d'enregistrement où il est possible de payer avec son téléphone portable. On le voit déjà dans certains hôtels au Japon. Arrivé devant sa chambre, plus de carte magnétique, encore moins de clé, la porte s'ouvre par effleurement du doigt, grâce à la biométrie. Une fois franchi le seuil, les nouvelles technologies sont partout. Un écran ultraplat est installé au mur. Il déroule un menu interactif qui propose un accès direct au room service ou un rendez-vous pour un massage au spa. Grâce au Wi-Fi (technologie sans fil) systématisé, fini l'enchevêtrement de câbles et le souci des connexions à l'étranger. «Le bureau et le fauteuil à roulettes, dans le pire des cas, auront été remplacés par des meubles plurifonctionnels et moins nombreux», explique Michel Gicquel. Seul le lit prend plus de place. «Nous gagnons tous les sept ans 1 cm, il est en conséquence agrandi à 2,10 mètres. Les sources de lumière sont multiples et adaptées au moment de la journée et l'activité, lecture, télé...», ajoute le spécialiste qui élabore en secret la chambre de demain pour les hôtels Accor.

 

Fini les ghettos Dans la salle de bain, le standard des douches est aussi agrandi pour s'adapter à la nouvelle morphologie des personnes. En outre, le Club Méditerranée veut y ajouter «toute une série d'équipements : douche à multijets, baignoires massages, implantation d'un second écran TV», poursuit Benoît Fazan. Face aux besoins croissants d'individualisme, les hôtels Paladien du groupe TUI étudient même la possibilité de mettre en place des canaux de musique différents entre la chambre et la salle de bain. Mais attention le touriste de demain n'attend pas que du confort matériel. Les grands groupes notent tous que leurs clients «sont de plus de plus sensibles au développement durable, aux matériaux utilisés, à l'ambiance et aux émotions», insiste Michel Gicquel. Le luxe des années 80-90 n'est plus suffisant. Dans un souci d'environnement, les eaux usées des sanitaires sont par exemple recyclées dans la chasse d'eau ou l'arrosage du jardin. Sur le rebord du lavabo, il est aussi recommandé un usage modéré du linge pour limiter l'émission des phosphates des lessives. Fini aussi les ghettos : «nos clients veulent être de plus en plus en phase avec l'économie locale de par les matériaux que nous utilisons et les entreprises avec lesquelles nous travaillons», fait remarquer Bertrand Destailleur, directeur marketing clients au Club. Ainsi par exemple à Agadir, le Club a aménagé ses suites en faisant travailler les artisans locaux. «Les clients ont besoin d'être surpris, et ne veulent plus des vacances comme celles de M. et Mme Tout-le-Monde. Un dîner inattendu de réception sur la plage leur laissera un souvenir inoubliable et c'est cela qui compte le plus», conclut Samuel Dralter, le responsable études, au Club Med. Voilà les exigences et les critères du tourisme de demain. Pas si sorcier finalement !