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05/03/2006

Portrait des touristes du futur

Source : Le Figaro du 4 mars 2006 (article de Sophie Fay)

Alors que deux grands rendez-vous vont réunir en mars les professionnels du tourisme – le salon ITB à Berlin, du 8 au 12, et le Mondial du tourisme, à Paris, porte de Versailles, du 16 au 19 –, une étude prospective trace les grandes tendances du tourisme en 2020.


Pour avoir une offre de voyages conforme à ce qu'attendent les consommateurs, les professionnels du tourisme se posent mille questions. A quoi ressembleront nos vacances et nos loisirs dans cinq, dix, quinze ans ? Partirons-nous plutôt seul, en famille, entre amis, en voyage organisé ou à la carte ? L'Europe sera-t-elle toujours le principal réservoir de touristes ? Pour y répondre, l'un deux, Cendant Travel Distribution Services – propriétaire du voyagiste Gullivers Travel Associates et du système de gestion des réservations Galileo –, a décidé de se projeter en 2020 et d'imaginer les attentes des consommateurs à cette date. Il a fait cette étude avec la Future Foundation, laboratoire d'idées du groupe britannique Experian.

Plusieurs lignes fortes se dégagent. Tout d'abord, on ne partira plus une ou deux fois par an (vacances d'été et ski), mais plutôt quatre fois. Ce phénomène s'observera partout dans le monde, car les sociologues de la Future Foundation tablent sur un allongement des vacances aux Etats-Unis et en Asie. Les consommateurs voudront aussi «quatre expériences très différentes». Aux voyagistes de s'adapter pour fournir la diversité !

Et ils devront se creuser la tête, car les voyageurs occidentaux, en quête d'«expériences nouvelles uniques», délaisseront les traditionnelles vacances à la plage fly and flop (avion-plage). Il faudra leur incorporer des éléments culturels, éducatifs, de développement personnel, de l'authenticité et répondre aux besoins variés d'une famille comptant plusieurs générations. «Déjà aujourd'hui, on se différencie de plus en plus par ce qu'on fait plutôt que par ce qu'on achète», constate la Future Foundation. Le tourisme spatial restera toutefois réservé aux happy few !

Les formules de voyage classiques vont aussi voler en éclats. Certains n'hésiteront plus à prendre un vol en classe affaires et, à l'arrivée, camper dans le désert ou partir randonner sac au dos dans la jungle, à petit budget.

Autant de divorcés que de veufs

Le profil familial des vacances provoquera aussi des évolutions. Fini le groupe classique deux adultes-deux enfants. Il faudra de plus en plus séduire les «familles verticales», comprenant trois générations ou plus, souhaitant passer un moment ensemble. Les familles séparées au gré des migrations souhaiteront également se retrouver. Et il y aura de plus en plus de célibataires, de tous âges. Déjà en Europe en 2000, 12% de la population vivait seule, soit 4% de plus qu'en 1981. Les personnes seules augmenteront nettement dans la cible très convoitée par les voyagistes des «voyageurs seniors». D'ici à 2020, 13% des personnes âgées seront divorcées et il y aura autant de divorcés que de veufs. Le divorce augmentera aussi dans les pays où il est moins fréquent, comme le Japon, la Chine et même l'Inde. Combien de temps ces voyageurs accepteront-ils encore de payer les surcoûts d'un voyage en solo, s'interroge la Future Foundation ?

Ces seniors vont rechercher des voyages à l'image jeune, active, contribuant à l'amélioration de leur santé. Ils chercheront aussi les visites culturelles. L'Organisation mondiale du tourisme s'attend à un afflux vers les grands sites classés. Si des règlements limitent déjà le nombre de visiteurs de certains lieux comme le Machu Picchu, la Future Foundation estime que beaucoup d'autres devraient voir leur accès restreint : elle cite Florence, Montmartre, le Vatican, Stratford, San Gimignano, Davos...

Dernière tendance forte : la préoccupation d'un tourisme plus responsable et plus soucieux de l'environnement. De produit de niche, il va devenir une nécessité. La Future Foundation voit se profiler une généralisation du principe «pollueur payeur», avec une taxe sur le carburant aérien voire une taxe plus large de «neutralité du carbone» ou de «durabilité mondiale», ciblant les voyageurs de long courrier. Le paiement de taxes volontaires – sur le principe de Climate Care ou Future Forest, qui proposent de faire un don à une association ou un projet écologique en fonction de la distance parcourue – pourrait aussi se développer. Il existe d'ailleurs en Nouvelle-Zélande un projet de taxe sur le carbone pour les déplacements touristiques, sachant qu'un touriste parcourt en moyenne plus de 1 900 km durant son séjour.

Cela ne signera pas pour autant la fin du tourisme de masse. Car, entre-temps, aura émergé une nouvelle vague de consommateurs en Chine, au Brésil, en Russie et en Inde. Ils seront toujours moins nombreux que les Européens et moins riches que les Américains, mais ils s'intéresseront massivement aux «bonnes affaires». La Future Foundation met en garde les destinations les moins chères : elles auront sans doute à gérer des «foules excessives».

10:22 Publié dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Prospective

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