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31/12/2004

Bonne année 2005 !

Quand la réalité dépasse la fiction...

30/12/2004

« La créolisation du monde est irréversible »

Lu dans « Le Monde 2 », daté du 31 décembre 2004
Extrait d’une interview de Edouard Glissant, écrivain caraïbe par Frédéric Joignot.

Nous vivons dans un bouleversement perpétuel où les civilisations s’entrecroisent, des pans entiers de culture basculent et s’entremêlent, où ceux qui s’effraient du métissage deviennent extrémistes. C’est ce que j’appelle le chaos-monde. On ne peut pas agir sur le moment d’avant pour obtenir le moment d’après. Les certitudes du rationalisme n’opèrent plus, la pensée dialectique a échoué, le pragmatisme ne suffit plus, les vieilles pensées de systèmes ne peuvent comprendre ce monde. Je crois que seules des pensées incertaines de leur puissance, des pensées du tremblement où jouent la peur, l’irrésolu, la crainte, le doute, saisissent mieux les bouleversements en cours. Des pensées métisses, des pensées créoles.

La créolisation, c’est un métissage d’arts ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. La créolisation s’applique non seulement aux organismes, mais aux cultures. Et les cultures sont des corps beaucoup plus complexes qu’un organisme. Si vous voulez, on peut prédire plus ou moins les résultats d’un métissage, mais non ceux de la créolisation.
../..
La créolisation du monde, c’est la créolisation d’une culture ouverte et inextricable, et elle se fait dans tous les domaines, musiques, arts plastiques, littérature, cinéma, cuisine, à une allure vertigineuse…

../.. Les identités fixes deviennent préjudiciables à la sensibilité de l’homme contemporain engagé dans un monde-chaos et vivant dans des sociétés créolisées. L’identité-relation semble plus adaptée à la situation
../..
Mais nous devons changer notre point de vue sur les identités, comme sur nos relations à l’autre. Nous devons construire une personnalité au carrefour de soi et des autres.


A paraître chez Gallimard en février : "La Cohée du lamentin"

Lien à voir

19:25 Publié dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Prospective

29/12/2004

Eclatement du monde par Marc van Keymeulen



Notre monde bascule massivement dans le nouveau paradigme noétique : l'économie de la connaissance et de l'intelligence, couplée avec l'émergence des métiers et des valeurs de l'immatériel, provoque un séisme de fond qui n'épargnera aucune certitude, aucun fondement.
De nouveaux territoires, immatériels et interstitiels, s'ouvrent qu'il faudra défricher à l'instar des moines européens entre IVème et Xème siècles dès après l'effondrement du monolithe romain.

Le monde qui vient sera multiple, hétérogène, morcelé, éclaté et verra la coexistence d'une multitude de mondes humains autonomes : une mosaïque de communautés, de tribus, de castes, de modèles économiques, de choix culturels et spirituels, de valeurs éthiques et comportementales qui induira une nouvelle féodalité au-delà ou en face des Etats moribonds. Cette féodalité nouvelle et immatérielle, avec ses guerres, ses suzerainetés, ses vassalités, ses allégeances et ses alliances, est déjà en route, aux marches de l'Empire qui se meurt.

On verra la fin de tous les pouvoirs globaux mais aussi l'émergence forte de nouvelles valeurs globales qui induiront une régulation naturelle de ces mondes, chaotiques en apparence, et qui signeront la mort du politique au profit de codes pragmatiques (ne l'oublions jamais : les valeurs morales ne sont pas des "idéaux" absolus, mais seulement des repères de moindre mal, de moindre conflit, de moindre souffrance).

Ce sera, plus généralement, la fin de tous les concepts et processus uniformisants comme égalité, citoyenneté, humanité (l'Homme, avec un grand H), laïcité, services publics, fonction publique, démocratie, droits de l'homme, légalisme, droit naturel, morale absolue, pensée unique, etc …
Le monde humain redevient viscéralement multiple et recréera ses propres bio-, ethno- et noo-diversités après des siècles d'uniformisation stérilisante, après des siècles d'occidentalisme chrétien et rationaliste.

J'en voudrais développer ici un aspect seulement, propre aux sphères économiques …

*

La valeur économique d'un objet matériel dépend de sa rareté et du besoin que l'on en a. L'économie matérielle est fondée sur le principe de rareté (cfr. "L'économique" de Paul Samuelson - Dunod).
Par contre, une idée ne prend valeur économique que lorsqu'elle est partagée au point de devenir norme ou évidence. De plus, la vitesse de propagation d'une idée croît avec sa gratuité (cfr. les vitesses de diffusion relative des CD et DVD selon les circuits commerciaux payants et selon les circuits de copiage gratuit ou semi-gratuit). Partage et gratuité sont paradoxalement au centre de la problématique économique des métiers de l'immatériel.

Ceci posé, on peut voir que le champ économique éclatera en quatre grands ensembles qui cohabiteront sans du tout partager les mêmes logiques commerciales, humaines, managériales et financières.

D'abord les deux secteurs les mieux connus : le monde agricole, largement inféodé aux quotas et subventions européennes des PAC successifs, et qui survit tant bien que mal ; et ce monde industriel lourd que sont les industries matérielles classiques où délocalisations et fusions sont le lot quotidien en toute bonne logique : celle des économies d'échelle et des compressions de charges. Ces deux mondes sont les plus anciens mais fonctionnent déjà, entre eux, selon des logiques très divergentes.

Ensuite vient un monde économique rarement identifié tel quel : l'industrie informationnelle lourde (donc déjà immatérielle) : ce sont les banques, les assurances, le commerce de grande distribution, les administrations, la presse et les loisirs de masse, les organismes sociaux, les syndicats, les fédérations, etc … Tous travaillent quasi exclusivement de l'information mais sans beaucoup d'intelligence et de créativité : ce sont des industries, donc des processus largement procéduralisés, des bureaucraties publiques ou privées, des structures lourdes et rigides, des "usines" à employer des employés (étymologiquement : "plié dedans", tout un symbole), et à faire fonctionner des fonctionnaires (je ne vois pratiquement aucune différence entre fonctionnaire public, si souvent moqué à juste titre, et fonctionnaire bancaire, si injustement épargné par des sarcasmes pourtant légitimes).
Trop souvent, tous ces métiers sont amalgamés avec d'autres sous l'étiquette fallacieuse de "services" ou de "tertiaire".

Enfin, un monde économique nouveau émerge, procédant de logiques post-industrielles et post-capitalistes (ce qui ne signifie nullement qu'il ne puisse être hautement lucratif) : ce sont tous ces métiers, cantonnés par nature dans les PME voire souvent des TPE, qui envahissent les nouveaux territoires de l'expertise et de la créativité individuelles. Il s'agit de ce nouvel artisanat, construit sur l'intelligence des têtes et/ou celle des mains, qui fait exploser l'uniformité et l'uniformisation industrielles. Antithèse des économies d'échelle et des bas prix, il travaille dans le "bel ouvrage" et la personnalisation au juste prix, sans souci de croissance, de taille, de pouvoir ou de puissance. Il n'a pas besoin de capitalisation (l'intelligence et le savoir-faire de ses talents lui suffit) et les circuits classiques de la finance bancaire et boursière lui sont étrangers. Ce monde-là sera le monde dominant de l'économie dans moins de 20 ans. On y retrouve déjà, pêle-mêle le concepteur de software, le consultant, le prospectiviste, le boulanger artisanal, l'aubergiste de charme, l'épicier maraîcher, l'épicerie fine ou exotique, le boucher spécialisé, le volailler haut de gamme ou son homologue fromager, le décorateur d'intérieur, les designers, le créatif publicitaire, le vigneron propriétaire, tous les artistes authentiques, le chercheur scientifique, le concepteur graphique, l'inventeur de tous poils, l'expert technique, le manager par intérim ou de crise, le formateur de bon niveau, etc …

Ces quatre mondes cohabitent déjà et continueront de cohabiter. Mais il faut être très attentif à deux choses.
Ils ne procèdent pas selon les mêmes logiques économiques : les agriculteurs et les artisans cognitifs fonctionnent à la passion et la frugalité leur sied tant que leur autonomie est préservée, alors que les industriels tant matériels qu'informationnels fonctionnent à la puissance et leurs appétits sont insatiables. Ces deux logiques, en pratique au moins, s'excluent mutuellement.
L'autre point d'attention est ceci : jusqu'en 1973, la logique industrielle était la seule référence en matière économique. Tout le discours managérial classique y était forgé sous le marteau des principes d'échelle, de concurrence, de leadership, de conquête et de profit. Ce qui change, c'est que les "artisans" de naguère étaient souvent marginaux et considérés comme incultes (chacun espérait bien que ses enfants feraient des "études" et ne deviendraient pas des "manuels"). Ce qui change, c'est que les artisans de demain formeront l'élite intellectuelle et culturelle de la société (comme l'étaient et le sont toujours les Compagnons du tour de France dans la sphère "manuelle") et que, comble de cuistrerie, ils constitueront le fer de lance et le moteur central de toute l'économie. Les produits industriels deviendront tous, peu à peu, des "commodities", des "low interest products". Déjà aujourd'hui, ce qui intéresse l'acheteur d'une automobile, ce n'est plus ni le moteur ni la mécanique, mais le génie d'un designer presque toujours indépendant du constructeur.

Ce qui change donc, c'est le poids d'emploi qu'ils représentent et représenteront. La tableau ci-dessous résume le discours pour l'ensemble européen (en pourcentage de la population active) :

-------- -------------------2000 ------2015
Agriculture-----------------------3 -----2
Industrie matérielle------------40 -----20
Industrie informationnelle------42 -----33
Artisanat cognitif------ ----------5 -----30
Improductifs--------------------10 -----15

Cette caricature chiffrée suffit à prédire de fameux cataclysmes sociaux car les inévitables dégraissages massifs dans les secteurs industriels (matériel et informationnel) ne pourront percoler vers les artisanats cognitifs que moyennant une immense métamorphose idéologique et comportementale : là, en effet, plus question de contrat d'emploi, de salaire garanti, de sécurité d'emploi, de syndicat, de 35 heures, de pré-retraites, etc … ; là, il n'y a plus que des indépendants, des associés actifs, des partenaires sous condition d'obligation de résultat, qui se prennent eux-mêmes en charge et assument eux-mêmes leur responsabilité.
Ceci signera la fin massive de l'assistanat sécuritaire qui gangrène depuis des décennies nos économies européennes.

Marc van Keymeulen est consultant et fondateur de l'Institut Noétique - ©Marc van Keymeulen - ©Institut Noétique

27/12/2004

Futuring

Livre à découvrir



Voir aussi ce commentaire : gonod3_210604.pdf

26/12/2004

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08:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)

23/12/2004

Cerveau gauche et cerveau droit

Lu dans les Echos de ce jour :

"Normalien, détenteur de la médaille Fields (prix Nobel des mathématiciens), professeur au Collège de France et à l'Ecole des Hautes études scientifiques, et pianiste à ses rares moments perdus, Alain Connes navigue dans un monde où la poésie, les mathématiques et l'intuition font bon ménage. Il reconnaît lui-même apprendre autant en déchiffrant une partition de Chopin qu'en lisant un article de mathématiques."

Comme quoi les plus brillants cerveaux sont ceux qui savent recourir autant à l'hémisphère gauche qu'à l'hémisphère droit...

21/12/2004

LES DEFIS DE L'INNOVATION PAR LES SYSTEMES D'INFORMATION: de la recherche à l'usage

Colloque du 25 janvier 2005 organisé par :

- le Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises et
- la Bibliothèque Nationale de France,
- le Club des dirigeants d’établissements publics nationaux,

avec le soutien d’Inno.com, société de services belge spécialisée dans les innovations métiers à partir des nouvelles technologies

Lieu : Bibliothèque Nationale de France
Participation gratuite (mais inscription obligatoire)

Voir le programme

Le consommateur au coeur de l'innovation

Remettre le consommateur au coeur de l'innovation ?

Il s'agit incontestablement d'une voie prometteuse pour mieux innover si l'on en croit la thèse développée dans ce livre.



Extrait du communiqué de presse :

Cet ouvrage écrit sous la direction de Jean Caelen, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire CLIPS, pose le problème essentiel de la conception de produits et services interactifs innovants – téléphones portables, stylos “ intelligents ”… – adaptés à l’usage des consommateurs. Ceux-ci, bien souvent, sont choisis pour cible des marchés mais n’interviennent pas en amont. À la fois pour des raisons de concurrence – il s’agit
pour les industriels de réduire le délai de la mise sur le marché depuis la première idée – et des raisons d’adéquation aux besoins des utilisateurs, il est impératif de faire intervenir les consommateurs au plus tôt dans le cycle de vie, c’est-à-dire dès la phase de conception.
Plus que jamais, un produit doit correspondre à des attentes pour avoir des chances de se diffuser auprès d’un marché d’utilisateurs professionnels ou privés. La “ conception participative ” répond à ces exigences : elle fait coopérer l’ensemble des acteurs de la conception (donneur d’ordre, entreprises, chef de projet, ingénieurs, ergonomes, spécialistes des sciences humaines et sociales…) en faisant intervenir tout de suite le consommateur dans toutes ses dimensions, sociale, économique et ergonomique. Cette méthode a l’avantage d’accélèrer le processus vers la commercialisation.

Boolgum

Ce moteur de recherche lancé en novembre dernier, annonce de nouvelles fonctionnalités.

Parmi celles-ci, des mots dérivés : à chaque mot clé tapé par un internaute, Boolgum affiche sur le site d'autres mots issus de la même racine.

De quoi traquer plus facilement les signaux faibles !

10:00 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (1)

12/12/2004

La presse, un signal faible pour l'avenir

Il est fappant de voir l'éclosion récente de plusieurs magazines proposant une ouverture sur le monde, avec une vraie approche transdisciplinaire.

Parmi ceux-ci, bienvenue à " Non stop dans le Monde" non_stop.2.jpg

Mentionnons aussi :

couv_resite.2.jpg


Signalons aussi pusieurs autres magazines ayant une vraie ligne éditoriale transdisciplinaire.

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Bonnes lectures !

Mais prudence, la presse est mortelle. Nova annonce son dernier numéro...

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Dommage... on aimait bien.

19:10 Publié dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Prospective

07/12/2004

"La prospective pour mettre en perspective" par Jean-Pierre Quentin

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La prospective ne consiste pas à prédire l'avenir, contrairement à ce qu'on croit souvent. Une de ses fonctions est de le préparer, mais pas à l'aide d'une boule de cristal ni en regardant l'avenir dans le rétroviseur. Elle vise à mettre en perspective pour donner du sens, dans une démarche consistant à appréhender :
les multiples composantes d'une question complexe,
les relations entre ces divers éléments,
dans une perspective dynamique qui va d'hier à aujourd'hui, puis demain,
en référence à notre situation propre : nos intentions, nos possibilités d'action, nos choix.

Il y a donc une forte conjonction entre la vision prospective (compréhension de l'environnement actuel et futur) et la vision stratégique (analyse et choix de notre place dans cet environnement, cadrage des conséquences à en tirer).

Si la prévision regarde le passé pour en déduire un avenir en continuité, la prospective construit de nouvelles références, sachant que demain sera différent d'hier et qu'un "autre regard" sur aujourd'hui nous éclaire sur les ruptures, sur ce qui a changé et sur ce qui peut changer. Car le monde n'est pas prédéterminé, mais comporte une pluralité d'avenirs : à nous de choisir.

Une vision prospective relie des éléments trop souvent envisagés séparément, qu'il s'agisse d'horizons de temps, de domaines de connaissance, d'applications pratiques... ou plus fondamentalement encore de paradigmes (références conceptuelles) et de tous repères qu'utilisent l'observation, l'analyse, l'intuition, l'émotion.

Finalement, la prospective travaille avant tout sur des problématiques : des questions auxquelles on pourrait répondre si elles étaient posées autrement. C'est pourquoi on peut la considérer comme "l'art du diagnostic clinique", consistant, comme le disait déjà Gaston Berger, à voir loin, large, profond, autrement, ensemble...

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Notre monde à la fois complexe et mouvant a donc particulièrement besoin de l'approche prospective. D'autant plus besoin que les apports des spécialistes sont devenus hyper-pointus : la mise en perspective de ces apports est à la fois plus difficile et plus nécessaire. Mais, alors qu'on a besoin qu'elle se diffuse largement dans un corps social qui ne peut se satisfaire d'approches mass-médiatiques de la complexité, trop réductrices et déformantes, la prospective doit se garder d'une tendance qui l'éloignerait de ses finalités : à trop cultiver sa dimension technique, en négligeant sa responsabilité pédagogique, elle pourrait à son tour devenir une affaire de spécialiste, donc se couper de l'action, alors qu'elle a vocation à l'éclairer...

Jean-Pierre Quentin est consultant, professeur et auteur. Intervenant dans des situations complexes, dans des contextes de changement, il aide à décloisonner les relations et à imaginer le futur.

Texte rédigé pour le journal TI Voir l'article complet

05/12/2004

Expérience 2035

Extrait du site Expérience 2035

Le 8 juin 2005 partira de la gare d'Austerlitz un train exposition.
Le thème, intitulé "Expérience 2035, imaginons le futur", doit être une expérience multisensorielle.

Le but de l'équipe projet est de créer au sein du train le monde tel qu'il sera en 2035, du moins tel qu'on le prévoit. L'exposition sera tridimensionnelle : ce ne doit pas être une succession de panneaux ou d'écrans mais bien un décors.
La difficulté consiste ainsi à récolter les informations, les projets, les idées, les prototypes ou les maquettes nous permettant de reconstituer cet environnement.

16:05 Publié dans Prospective | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Prospective

03/12/2004

"Chaque jour son signal de prospective" par Philippe Cahen

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Un ministre de 49 ans (qui s’affirme catholique) cède la place à deux ministres de 40 et 44 ans (celui-ci père de 8 enfants et catholique pratiquant). Un président fête ses 72 ans et se demande s’il ne va pas demander un troisième mandat de 4 ans dans 2 ans …
Ce mois de novembre 2004 est bien représentatif de la France qui se profile dans les années à venir - accessoirement en retard sur ses voisins européens - : un vieillissement – et une féminisation du vieillissement - de la population nationale, un rajeunissement brutal de la population active, une réaffirmation de la religion et/ou de la religiosité. Si l’on ajoute à cela une minorité visible de moins en moins minoritaire et de plus en plus visible, et une France de moins en moins urbaine et de plus en plus néorurale et l’on a le portrait résumé de la France des années 2007 à 2012.
Cela donne immédiatement une image de la France où ce qui se décide ou se crée aujourd’hui n’est pas nécessairement dans l’optique de cette mutation. Et que des pans entiers de développement sont laissés de côté.
Or lorsqu’un industriel demande de créer un produit aujourd’hui, c’est pour cette France-là qu’il le crée et non pour celle d’aujourd’hui.
Il ne crée pas pour les tendances en cours extrapolées pour les mois à venir mais pour la prospective immédiate, la prospective du présent, une prospective construite sur des hypothèses à 5/7 ans. Celle qui ose la rupture avec le présent. Car on n’a jamais vu le présent immédiat être la suite du passé immédiat.

Prospective n’est pas tendance.

L’entreprise éprouve l’urgente nécessité d’être la première sur son marché et non la suiveuse du convenable. Le consommateur préfère l’audace qui se remarque au suiveur qui prétend créer et encombre les linéaires. L’innovation a très mauvaise presse lorsqu’elle n’est ni visible ni compréhensible, voire mensongère. Lutter contre l’obésité en diminuant les sucres et augmentant les graisses n’est pas une innovation, c’est un danger pour la marque. Dans le brouhaha de la communication le consommateur a besoin d’être reconnu, le produit audacieux et utile est un plus pour la marque.
Notre métier – ‘prospectiviste’ à défaut d’un mot plus précis - est donc là : tracer la sociologie, la psychologie, l’urbanisme, le commerce, l’environnement, le politique, les technologies, les influences internationales …. de demain pour créer le produit … de demain. C’est dans la synthèse de ces informations, dans le jeu de quilles permanent des idées se frottant l’une à l’autre que se trouvent les pistes innovantes de demain et non dans la spécialisation à outrance. Et chaque jour porte son lot d’informations, analyses, études, réflexions … complémentaires.

Prospective et perspective.

Favilla dans les Echos du 19 novembre, se fondant sur une analyse des élections américaines, écrivait que Weber reprend vie contre Marx, que les facteurs religieux et culturels l’emportent parfois sur les facteurs sociaux économiques. Or nos études sont marxistes (au sens du panel !) et non wéberistes … et ont donc une logique de CSP ou de données sociodémographiques et non de culture ou de religosité à deéfaut de religion interdit par la loi française : avec un angle de vue différent, une perspective différente, notre regard peut changer et favoriser la prospective.
Autre exemple : les hypermarchés ne parlent que de prix, de guerre des prix. Pour avoir assisté à des conférences de Michel-Edouard Leclerc, président des magasins éponymes, et de Michel Bernard, directeur général de Carrefour, j’ai pu le constater chaque fois pendant 2 heures. Or si l’on parle de guerre du temps – ce dont tout le monde convient qu’il est le point central -, toute la perspective change ! Personne n’a dit le contraire que le temps c’est de l’argent … sauf semble-t-il les patrons de ces 2 groupes.
Dans les années proches, les valeurs de nos contemporains vont très sensiblement évoluer. Or ces valeurs sont perceptibles dès aujourd’hui. Ce sont sur ces valeurs qu’il faut construire la prospective de demain.

Comme un veilleur attentif aux bruissements du futur.

Le marketing de l’entreprise est noyé dans son quotidien, les objectifs à réaliser étouffent la direction générale, le marché est rendu encore plus fébriles par la rapidité de l’information issue des nouvelles technologies. Il faut assurer l’immédiat pour que le court terme soit atteint. L’équipe a « le nez dans le guidon ».
C’est au prospectiviste d’injecter le recul. Il apporte à l’entre prises des bruits faibles, des lucioles, des vibrations sur lesquelles elle va réagir, vibrer, faire créer, accaparer le produit de demain. L’entreprise se doit de développer une structure d’oreille, de nez, de langue, de toucher qui doit prendre le temps avec sa culture propre d’écouter le futur proche.
Le prospectiviste est une assistance à la création pour demain, comme un veilleur attentif aux bruissements du futur.


Philippe Cahen, membre de l'équipe d'E-Mergences, consultant en prospective est aussi spécialiste en stratégie de marque et innovation.

02/12/2004

Massive Change par Bruce Mau

Un livre très attendu. Véritable manifeste sur le futur du design, s'inscrivant dans le cadre du projet "Massive Change", projet de prospective mené conjointement pas l'agence de design de Bruce Mau et par the Institute without Boundaries.